Vins de Bourgogne : comment bien comprendre la classification des crus bourguignons ?

Quels sont les meilleurs crus de Bourgogne ? Ce vignoble de près de 30 000 hectares fascine les amateurs du monde entier, mais impressionne parfois le néophyte, qui se sent vite perdu dans les différentes appellations et classifications. Frédéric Durand-Bazin journaliste au Figaro nous permet d'y voir plus clair :Décryptage.Vineyard 6399505 1280

La Bourgogne s’étend sur 5 régions viticoles allant de Chablis (au nord, dans l’Yonne) au Mâconnais, dans le sud, à la frontière du Beaujolais, en passant par le Châtillonnais (Châtillo-sur-Seine), la Côte-de-Nuits (de Dijon à Corgolin), la Côte de Beaune (de Ladoix-Serrigny à Santenay) et la Côte Chalonnaise (de Bouzeron à Saint-Gengoux-le-National). Tous les vins qui y sont produits peuvent revendiquer l’appellation Bourgogne. Mais leur classification est beaucoup plus structurée et reflète, en principe, la qualité des vins.

Bourgogne

Les appellations régionales, la base de la pyramide

Si l’on devait comparer ces appellations à une pyramide, la base serait constituée par les appellations dites «régionales». Elles concernent 48 % de la surface viticole. On y trouve, pêle-mêle, les Crémants de Bourgogne, les Bourgogne aligotés, les coteaux bourguignons, le Bourgogne passe-tout-grain, le Bourgogne avec dénomination géographique (Bourgogne Hautes Côtes de Beaune, par exemple), le Mâcon village, ainsi que le Mâcon avec une indication de village (Mâcon la Roche Vineuse).

Les appellations villages, pour définir la typicité du vin

En grimpant dans la pyramide, on arrive à la deuxième strate, qui regroupe les appellations villages (Nuits-Saint-GeorgesGivry, Chablis…), qui représentent 39 % du vignoble. Attention, l’appellation «Village» peut s’étendre sur deux, voire plusieurs villages. C’est le cas, par exemple, de Gevrey-Chambertin dont l’aire d’appellation englobe celui de Brochon. On peut ici commencer à parler de typicité de l’appellation. Les vins de Chassagne et de Puligny-Montrachet, bien que voisins, possèdent ainsi, par exemple, des différences sensibles en terme de finesse et de richesse.

Les premiers crus, la prime à la qualité

La troisième strate correspond aux appellations villages premiers crus, qui représentent 11 % du vignoble. D’une qualité supérieure aux simples appellations village, ils sont régis par un cahier des charges souvent plus strict (des rendements de production plus faibles, notamment). La mention premier cru est toujours accolé à celle du village, et parfois accompagnée du nom du climat où est produit le vin : Morey-Saint-Denis 1er cru Clos Sorbé, Meursault 1er cru Les Gouttes d’Or… Lorsque le vin est issu d’un assemblage de divers 1er crus, il ne porte pas de mention de climat. A noter que jusqu’en 2020, la Côte Mâconnaise ne comptait aucun premier cru.  Elle en possède désormais 22 sur Pouilly-Fuissé. D’autres climats pourraient rapidement être promus sur les appellations, tels que Saint-VéranPouilly-Vinzelles et Pouilly-Loché.

Les grands crus, les vins les plus désirables

Le sommet de la pyramide (à peine 2% de la surface viticole) est constitué par les grands crus. La Bourgogne en compte officiellement 33 : 1 à Chablis, 24 en Côte de Nuits et 8 en Côte de Beaune. Il n’y en a aucun en Côte Chalonnaise ni dans le Mâconnais. A la différence des premiers crus, le nom du grand cru apparait toujours seul sur l’étiquette, éventuellement accompagné de son climat (le chablis grand cru en compte 7, et le Corton 24 différents). Hormis Chablis, le plus étendu est le Clos Vougeot, qui s’étend sur environ 50 hectares pour 93 propriétaires. Ces vins sont évidemment les plus recherchés par les amateurs, à commencer par la Romanée-Conti, dont la cote peut atteindre des sommets (une bouteille de 1945 a ainsi atteint le montant record de 558 000 dollars en 2018).

Les climats, cette particularité bourguignonne

La classification ne doit pas être confondue avec la notion de climat, qui concerne un lieu-dit géographique spécifique. S’il est difficile de les recenser tous, il en existe à tout le moins 1 247, entre Dijon et Santenay, concernés par le classement des climats de bourgogne au patrimoine mondial de l’Unesco. En principe, chaque appellation Village, 1er cru ou grand cru englobe un, voire plusieurs climats différents. A l’inverse, quelques rares climats peuvent se retrouver pour partie en grand cru, l’autre en premier cru, à l’image des Maréchaudes à Aloxe-Corton. De même, à Nuits Saint-Georges, les Damodes  se partagent entre un premier cru et une appellation village.

Le saviez-vous ?

La plupart des villages viticoles de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune comporte un nom double. Il s’agit tout simplement de l’adjonction, à la fin du XIXe siècle, du nom de la parcelle la plus réputée à celui de son village d’origine. Ainsi, Vosne accolât le climat de la Romanée, tandis que Nuits choisit sa parcelle des Saint-Georges et Chambolle le Musigny. Puligny et Chassagne partageant le même grand cru, les deux communes ont adjoint à leur nom celui du Montrachet. Une manière de faire de l’œnotourisme avant l’heure et attirer les amateurs de grands vins. Quelques rares villages résistèrent à ce mouvement, comme Meursault ou Pommard. Peut-être parce qu’elles avaient eu le plus grand mal à choisir parmi leurs meilleurs terroirs ?

Source : 

https://avis-vin.lefigaro.fr/connaitre-deguster/o150168-comment-bien-comprendre-la-classification-des-crus-bourguignons

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